Etonnant Messerschmidt

Publié le par art-tic

Les œuvres du sculpteur germano-autrichien s’invitent au Louvre, du 28 Janvier au 25 Avril 2011. L’occasion de découvrir, à travers une très belle exposition, ses surprenantes têtes de personnages grimaçants.


Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783), jouit d’un parcours autant exceptionnel que contrarié. C’est à Vienne, dès 1755 – date à laquelle il s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts section sculpture - que débute sa carrière. Et cela notamment grâce à de prestigieuses commandes du couple royal. On notera par exemple l’imposant buste de Marie Thérèse, impératrice allemande, reine de Hongrie et de Bohême, dans un style quasi-rococo (visible particulièrement dans les drapés) et respectant parfaitement les conventions académiques. A cet époque, ses sculptures sont alors dans un style classique, bien que prouvant une véritable habileté dans le travail des matériaux. Plomb, étain, bronze, albâtre… Le sculpteur maitrise et mêle les différentes matières avec brio.

Mais en 1774, Messerschmidt est tenu de s'éloigner de l’Académie. Sa personnalité complexe, animée de troubles mentaux se rapprochant de la folie, n’est plus la bienvenue sur le devant de la scène. C’est pourtant cette pathologie qui permet à l’artiste de nous offrir ces bustes magistraux, aux expressions fortes qui ne laissent pas indifférents.

 

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Marie thérèse, impératrice allemande, Reine de Hongrie et de Bohême, 1743


 

L’intérêt du Louvre pour les têtes du maître sculpteur n’est pas récent. En effet, en 2005, le musée acquiert une tête en caractère de plomb, témoignant non seulement d’une fascination, mais également d’une reconnaissance de la maitrise des techniques de l’artiste.

C’est aujourd’hui trente bustes qui sont mis à l’honneur, se déployant dans l’aile richelieu, tous grimaçants, tours à tours surprenant, amusant, interpellant. Les expressions sont singulières, voir grotesques, et ne cessent d’étonner les visiteurs de l’exposition. Les noms des œuvres sont tout aussi évocateur que ce l’on peut observer : homme sombre et sinistre, l’homme de mauvaise humeur, l’homme renfrogné… Témoignant de la folie de l’artiste ? Probablement. Car pour approcher de la réalité, Franz Xaver Messerschmidt n’hésite pas à se pincer le ventre et les cuisses, en reproduisant le plus fidèlement possible ce qu’il voit dans son miroir. Et cela dans le seul but de « briser le pouvoir de l’esprit » !

Outre le caractère burlesque de ces bustes, il faut noter l’impressionnante maitrise de la sculpture qui se dégage des « têtes de caractère ». Traits crispés, paupières fermées, bouche pincée. Rien n’est laissé au hasard afin de rendre compte, avec le plus de véracité possible, les émotions que ressent l’artiste.

 

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L'homme de mauvaise humeur, 1771-1783                                                                                                    L'artiste tel qu'il s'est imaginé entrain de rire, 1781


Originales et non conventionnelles, les œuvres de Messerschmidt fascinent, tant pour leurs sujets hors normes que pour la technique qui peut s’y déployer. Et il est rare, surtout pour un artiste du XVIIIème siècle, de réussir à impressionner grâce à une technique pointue, mais également à amuser et divertir le spectateur comme Messerschmidt. Alors oui, fou et schizophrène, très surement. Mais le tout avec une parfaite maitrise, et pour notre plus grand plaisir. Et puis, qui ne s’est jamais amusé à faire des grimaces, seul, devant un miroir ?

 

Exposition « Franz Xaver Messerschmidt »

Jusqu’au 25 avril 2011,

Musée du Louvre Aile Richelieu, entresol 

 

 

Publié dans Art classique

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